Ils montèrent les escaliers au pas de course - ce qui leur valu des regards noirs de la part d'un surveillant et d'un professeur. Arrivé devant la salle de musique, qui était inoccupée à cette heure ci, Nadia lacha le bras du jeune homme. Elle ouvrit la porte et le fixa droit dans les yeux.

« Je me suis dit que cet endroit pourrait t'aider à te rappeler des choses... Lewis explique toi. »

   Pour seule réponse, il détourna le regard et baissa la tête. Il se retourna et voulu partir, mais il s'arrêta. La jeune lycéenne était entrée dans la salle et s'était installée devant le piano. Elle ferma les yeux et commença à en jouer. Quelles jolies notes... Cette mélodie avait bercé leur enfance. Elle évoquait pour eux, tant de souvenirs... S'en était trop, le blond ne put en supporter davantage et se mit à pleurer doucement, silencieusement. Il ferma la porte, et s'adossa au mur, se laissant glisser contre celui-ci de manière à finir assis sur le sol froid, les bras sur les genoux. Il resta dans cette position tout le long du morceau. Les yeux larmoyants, il regardait sans bruit son amie de toujours. Ses longs cheveux bruns ondulés semblaient se mouvoir, au rythme de la musique, dans une drôle de danse. Une danse enchantée, rassurante et apaisante. Cette atmosphère là lui avait manqué, tout comme elle d'ailleurs...

   A la fin du morceau, elle s'assit à côté de lui et lui frotta la tête amicalement, comme à l'époque. D'une voix douce, ne voulant le brusquer, elle lui demanda :

 « Alors que t'arrive t'il ?

 - Cela faisait longtemps...

 - Oui, et je peux te dire que le petit Lew' a bien grandi.

 - Encore heureux, j'étais haut comme trois pommes, lui répondit-il en souriant ayant séché ses larmes.

 - Dis, je peux te poser une question ?

 - Ça te fera trois euros.

 - T'es incorrigible... Enfin, écoute un peu ma vie. Tu vois, je suis arrivée ici il y a trois mois. J'ai eu beaucoup de chance car je suis tombée dans une classe où règne une bonne ambiance, et surtout dans laquelle se trouve une fille super gentille qui est directement venue me parler. On est vite devenue amie, tu sais, je peux compter sur elle et elle ferait tout pour me venir en aide si je ne me sentais pas bien. Alors, il est bien normale que j'agisse de même. Elle a été absente deux semaines, elle vient seulement de revenir, mais c'est pas la joie... Dis, qu'est-ce qui t'a pris de faire ça à Diana ? »

   La réaction fut immédiate. Lewis se leva d'un saut et se dirigea vers la sortie. Nadia lui rattrapa le bras. Il se dégagea brusquement en lui disant sèchement sans la regarder : « Je fais ce que je veux. Et je n'ai pas besoin d'avoir de raison particulière pour ça. »